Stefano Scarampella

Contrairement à bon nombre de luthiers de renom, Stefano Scarampella a entamé sa carrière sur le tard. Il est né en 1843 dans une famille démunie de Brescia et a tout d’abord travaillé comme menuisier. Son père, Paolo, fabriquait des violons en amateur, tandis que son frère, Giuseppe, formé en France, était luthier professionnel et conservateur du musée du Conservatoire de Florence.

Son métier conduit Stefano à s’installer à Mantoue. Ce n’est qu’en 1890 qu’il rejoint l’atelier de son frère et apprend le métier avec lui. Il a alors 47 ans. Son travail est très vite reconnu, puisqu’il remporte une médaille d’argent à l’exposition de Brescia en 1890. Au décès de son frère en 1902, Stefano lui succède et sa production prend de l’ampleur, son style s’affirme, avec des modèles personnels inspiré de Guarneri et des luthiers de Mantoue Dall’Agio et Balestrieri.

Les instruments de Stefano Scarampella sont réalisés à partir de matériaux locaux, plus ou moins précieux, sans recherche d’ostentation. Ils sont le résultat d’expérimentations et de recherches personnelles, qui l’ont conduit à faire revivre notamment des traditions qui avaient disparu. D’une grande expressivité, ses instruments sont notamment identifiables à leur tête à la découpe très personnelle, de forme ronde, à coquillon plutôt large et volute symétrique, leur donnant beaucoup de caractère. Leurs qualités sonores (musicalité, justesse, amplitude) sont souvent comparées à celles des instruments de Giovanni Battista Guadagnini.

Vers la fin du 19e siècle, Brescia et Mantoue avaient perdu leurs grandes écoles de lutherie. Ainsi, Stefano Scarampella a atteint des résultats impressionnants en étant presque isolé du reste de la profession, à l’exception de ce que lui a transmis son frère. Il décède en janvier 1925, non sans avoir formé Gaetano Gadda, son seul élève.

Très humble et modeste, Stefano Scarampella fut reconnu et adulé par ses contemporains. Sa production donna naissance à toute une école de lutherie dans la région de Mantoue, composée de luthiers tels que Sgarabotto, Politi, Pedrazzini, Simonazzi, Carpi ou encore Solferini, qui imitèrent son style, sans toutefois l’égaler.

Sources :

  • vichy-enchères.com
  • Un secolo di liuteria italiana 1860-1960, a century of Italian violin making, Eric Blot, Lombardia e Veneto, 1997

Instrument T&V

  • Un violon 3/4
  • Prêté depuis mai 2024 par Guy Coquoz