Elie et le violon de Mme Weick-Voelckel : la transmission à l’état pur
7 avril 2021
La vie est faite de rencontres inattendues… Certaines sont plus marquantes que d’autres, et se révèlent particulièrement riches de sens et d’émotion. Comme celle du jeune violoniste Elie Hackel et de Marie-Suzanne Weick-Voelckel, sa mécène.
C’est bientôt la fin de l’année scolaire au CNSMDP et Elie est à la recherche d’un violon mieux adapté à son projet. Son professeur, Jean-Marc Phillips-Varjabédian, le met en contact avec Talents & Violon’celles et lui conseille d’aller essayer un excellent violon qui vient d’être confié à l’association par Marie-Suzanne Weick-Voelckel, un Gand Frères de 1859. Elie se précipite : « Je sentais qu’il n’avait pas été joué depuis quelques temps mais, tout de suite, la qualité du son et la facilité avec laquelle j’arrivais à m’exprimer avec cet instrument ont été évidentes. » Le prêt lui est accordé et Elie téléphone à sa mécène pour la remercier de son geste si généreux, mais aussi parce qu’il soupçonne des origines alsaciennes communes.
C’est alors que Mme Weick-Voelckel lui raconte la belle histoire de son père et du violon… La famille Voelckel est originaire de Bischwiller, une ville qu’Elie connaît très bien. Plusieurs membres de sa propre famille y ont travaillé et étudié. Lui-même est né et a longtemps vécu à Haguenau, la ville voisine, où il a commencé ses études musicales… et voilà que ce violon le ramène en Alsace. Elie est fasciné par ce qui ressemble plus au destin qu’au hasard. L’été suivant, il décide de rendre visite à Mme Weick-Voelckel, qui l’accueille chaleureusement pour quelques jours chez elle, dans la vallée de Munster. Il découvre « des tonnes » de partitions des années 1920, dont une annotée par Eugène Ysaÿe. Elie plonge dans l’histoire : « Du coup j’ai eu accès au répertoire de Jean Voelckel, ce qui m’a beaucoup appris sur quel violoniste il était, sur la façon dont on concevait l’interprétation à cette époque,c’est tout à fait passionnant et quels moments magnifiques ! »
Mme Weick-Voelckel est ravie ! « Nous avons vécu ces moments de partage avec très grande joie ! Entendre résonner le violon de Papa là où il chantait chaque été a été une expérience très émouvante... » Elle accepte de prêter une grande partie de ses partitions au jeune violoniste qui, de retour à Paris, commence à les déchiffrer et enregistre certaines pièces pour des concours. « Je me dis qu’il y a quelque chose à faire avec cet héritage » poursuit Elie. « Il nous renseigne sur le répertoire à une époque donnée, avec une tradition de compositeurs-violonistes de la fin du XIXesiècle et du début de XXesiècle qui a été oubliée. Il y a vraiment des choses intéressantes, et je n’ai pas encore tout lu ! » Elie aimerait retourner en Alsace pour donner un concert, ce serait tellement fort ! La suite de l’histoire ne demande qu’à être écrite…